Destinés à l’accompagnement des seniors en situation de perte d’autonomie, les Établissements d’Hébergement des Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) accueillent près de 600 000 personnes en France. Mais aujourd’hui, le secteur est en pleine crise. Manque de personnel ou encore maltraitance des résidents à un prix très élevé, le point complet sur une situation complexe.
Rétrospective autour d’un mouvement de contestations inédites
Sur tout le territoire, 7 200 EHPAD emploient 400 000 personnes pour accompagner les personnes âgées dépendantes. Dans un pays où 1,5 millions d’individus ont déjà, plus de 85 ans, les conditions d’accompagnements des seniors se dégradent faute de personnel. C’est d’autant plus inquiétant que les études prévoient un vieillissement de la population d’ici à 2030 où environ 5 millions de personnes seront âgées de plus de 85 ans.
Difficile alors d’expliquer pourquoi les prix en EHPAD sont aussi élevés. Le prix médian d’un mois en EHPAD est de 1 949€, mais dans certaines zones géographiques (le plus souvent en zone urbaine), il peut atteindre 3 154€ par mois.
De tels constats créés un sentiment de honte auprès du personnel accompagnant qui n’est pas en mesure de garantir les soins adéquats (peu de sorties, pas de discussions avec les patients, accompagnement bâclé, …). En fait par manque de temps, il ne peut pas rester correctement à l’écoute des résidents.
Bien sûr, la crise ne concerne pas que le personnel des EHPAD. Les proches des personnes âgées dépendantes, qui ne sont plus capables de s’occuper des leurs ainés, voient naître un sentiment de culpabilité au moment de les « abandonner » en EHPAD. Les tarifs pratiqués par ses établissements n’améliorent pas ce sentiment et rebutent certains proches qui parfois abandonnent.
Bilan, depuis janvier dernier, de nombreuses associations au service des personnes âgées et de retraités, accompagnés par les syndicats ont appelé à la mobilisation nationale pour dénoncer les conditions de travail en EHPAD. Ils demandent l’intervention du gouvernement pour gérer la crise dans le secteur. Ce mouvement inédit, à rapidement pris de l’ampleur et se poursuit encore aujourd’hui avec la nouvelle mobilisation nationale organisée le 15 mars.
Des idées nouvelles contre la crise des EHPAD
Face à la déshumanisation des soins, l’état cherche des solutions pour faciliter le vieillissement de la population. Deux députées ont d’ailleurs lancé un « débat national » pour trouver les fonds nécessaires aux prochaines réformes (source : http://bonne-assurance.com/prevoyance/actualites/2018/03/09/la-crise-des-ehpad/).
Depuis le début de l’année, de nombreuses enquêtes ont été ouvertes afin de déterminer quels établissements d’hébergements ont le plus besoin d’une intervention rapide.
Agnès Buzyn, ministre de la Santé, rappel que l’état a déjà doublé le budget dédié à l’accompagnement depuis 10 ans (de 5 à 10 milliards depuis 2008). Elle prévoit, une nouvelle augmentation de ce budget de 430 millions sur 7 ans, ainsi que la mise en place d’un suivi dédié aux établissements où la crise est la plus présente. Des tests de la qualité de vie au travail seront mis en place très prochainement pour venir en aide aux personnels accompagnants et prévoir des actions futures.
Enfin, la ministre présente un projet d’accompagnement des proches des personnes âgées. En procédant ainsi, le nombre de personnes âgées dépendantes à domicile pourrait augmenter pour ne pas surcharger les effectifs en EHPAD.